samedi 5 mars 2016

L'unanimité à condition ...

Oh surprise, l'Université franco ne fait pas l'unanimité ...

La réaction surprend ?  C'est de bien mal connaître le franco-ontarien. Il a appris à ménager la chèvre et le choux, à ne pas se compromettre publiquement, à s'occuper de ses affaires, à éviter de se faire des ennemis. Tant que ses intérêts ne sont pas directement menacés, il semble dire "cause toujours !" au soi-disant "leadership".

Parlons de ce qu'est le "leadership" en Ontario français. Certains francos, en mal de laisser leur "marque", par conviction, ou par hasard, se faufilent, à l'aide de quelques portiers, en avant-scène, et sont proclamés "leaders".

Lorsqu'un "leader" parle au nom de la "communauté franco-ontarienne", il représente des intérêts qui coincident (en tout ou en partie) avec ceux de ses supporters. La prochaine tâche du "leader" est d'augmenter la masse de son groupuscule. Le but ultime, bien entendu, est d'avoir l'oreille et la bénédiction du pouvoir politique.

Ne nous méprenons pas : il y a rarement d'acclamation "populaire".  S'il y a un semblant de démocratie, de consultation ou d'appui "populaire", c'est que les dés sont pipés et les maigres applaudissements amplifiés.

Le leader qui restera en place est celui ou celle qui saura forger des alliances de convenance avec des plus "puissants". Les boy-boys (parce que c'est habituellement des hommes) respirent cet air raréfié, qui tend à enivrer, en se pétant les bretelles entre-eux. Ils ont fait un bon coup où chacun y trouve son compte.

Il y a des appuis tièdes. Ça ne coûte rien de signer une pétition. Il faut être "bien vu" des autres de sa communauté, éviter de se faire des ennemis.

Les divergences d'opinions existent, bien sûr. Quelques voix les murmurent. Pourquoi s'exposer en les criant. Après tout, il faut éviter de se faire des ennemis.

Oups ... les premières fractures apparaissent au moment où le projet se concrétise.

Quatre scénarios sont possibles :
  • colmater la brèche à l'aide de promesses; 
  • minimiser, c'est à dire expliquer que ce ne sont pas là des "fractures" mais des points à préciser;
  • fermer les yeux et crier plus fort que les critiques; ou
  • laisser quelqu'un d'autre porter le ballon pour ne pas se salir les mains.

Regardons un peu notre histoire. Au 20e siècle, deux "causes" ont rallié les francos à un leadership: le règlement 17 et Montfort. Il s'agissait de deux acquis menacés où tous y perdaient. Une cause a profondément divisé les francos : la création du système d'éducation publique francophone où certains perdaient, d'autres gagnaient. 

Une université franco-ontarienne serait-elle un élément rassembleur ou de division? Peut-on croire que les jeunes franco-ontariens choisiront une université franco du seul fait qu'elle est une institution franco-ontarienne? Et les programmes existants? À voir le nombre de jeunes francos qui passent au système anglophone et d'immersion, ou qui choisissent collèges et universités anglophones à cause de l'éventail de programmes, il y a de quoi s'interroger. 

Par contre, Rome, après tout, ne s'est pas bâtie en une journée. On verra...